Blog

21 Sep 2016

"WHERE TO INVADE NEXT ?" - VIENS CHEZ NOUS, MICHAEL !

WHERE TO INVADE NEXT ? - VIENS CHEZ NOUS, MICHAEL !

C'est chaque fois la même chose : dès qu'un américain, et en l'occurrence ici, Michael Moore,  montre les trous dans les jupons du rêve Américain en filmant les aspects positifs du rêve Européen ( car il y en a un), c'est la levée de boucliers des chevaliers du "chez-nous-c'est-nul", des  "Mais non-ça ne marche pas-si bien", et des rabat-joie du "Où-ça-des-avantages" ?

Parce que des avantages à vivre en Europe,  il y en a. Des inconvénients aussi, mais ce n'est pas de ça que traite Michael Moore. Il traite du rêve social humain des deux côtés de l'Atlantique et de ses conséquences. Il traite de la déliquescence de son immense et génial pays qui a largué les amarres depuis longtemps en matière de lien social et navigue dans l'Océan du libéralisme, où ceux qui chavirent n'ont qu'à se débrouiller, parce que c'est plus sain pour l'économie. Pas d'assistance, pas d'assistés. D'accord. MAIS, dit Moore, peut-être pourrions nous nous améliorer en nous inspirant de l'expérience des vieux pays que nous avons l'habitude de mépriser copieusement ? Peut-être pourrions nous rêver autrement, dit-il.

Quoi ?! Rêver autrement ? Sacrilège ! Gauchiste !

Et là, le rusé candide se voit pris à partie par deux sortes de personnages : le réac Américain, qui ne voit pas pourquoi il faudrait changer la société, réformer le système pénitenciaire et autoriser l'avortement, payer des congés et mieux nourrir les enfants des pauvres à l'école, et le réac Européen, qui n'a jamais encaissé les lois encourageant la liberté, le temps pour soi, la qualité de vie pour tous, le choix concernant son propre corps, la consommation libre de substances diverses et le partage des dividendes des entreprises, y compris pour les employés d'échelon 1.

Les critiques de comparaison de mode de vie sont en général émises par des classes sociales gavées de confort et de conformisme  et ne posent pas cette simple question : Et si Michael Moore ne se servait que des exemples mirifiques qu'il présente que comme d'allégories ? Et SI il utilisait cette réalité parcellaire mais enviable pour faire rêver tout le monde, Européens et Américains confondus ? Tout est perfectible, après tout. On peut toujours faire mieux.

Bien sûr, toute l'Europe n'est pas égalitaire quand on parle de congés, d'avantages sociaux, et des droits des femmes ou des LGBT. Il y a des endroits où on vit mieux que d'autres. Un documentaire est forcément un angle. La vue selon un angle ne peut donner un paysage à 360°C. Mais tous ces gens, là, ils existent. Tous ces ouvriers qui ont droit à une pause et à des congés payés, ces prisonniers traités comme des êtres humains et pas comme des animaux, ces gosses qui font beurk devant la gamelle informe de leurs condisciples américains, ces personnes sans ressources prises en charge gratuitement dans les hôpitaux en vertu des lois de l'Assistance Publiquevotées de 1848 à 1933  en France ( eh oui, ça nous coûte fort cher, mais tant pis, s'extraire du moyen-âge social ça coûte.) Tous ces gens qui considèrent qu'ils le valent bien ?

Ben si, quand même, ils existent.

- Pamphlet malhonnête ! Lit-on dans la presse. Attaquer le rêve libéral ! Manipulation ! Alors, si nous ne pouvons rêver autrement, insiste Moore, peut-être pourrions-nous nous donner les moyens de le faire ? Les moyens, ça nous connait, en Amérique. Au lieu de construire un mur de la honte entre le Mexique et les USA, de polluer les nappes phréatiques avec l'extraction du gaz de schiste, de se faire graisser les pattes et la conscience par la NRA, de laisser s'enfoncer dans la misère les classes moyennes, de militariser notre économie, parce qu'on n'a pas l'imagination de relever le pays autrement que par la guerre ? Hein ?

Allez, courage Michael, parce que depuis des années, de Sicko à Bowling for Columbine, de Roger and me à Canadian Bacon et au Big One... A chaque fois, tes films ont changé le regard du monde sur l'Amérique et il y a fort à parier que si Barack Obama n'avait pas vu Sicko, il n'aurait peut-être pas tant insisté pour établir l'Obama Care, qui prévoit d'obliger les 50 millions d'américains sans couverture sociale à s'assurer pour se soigner. Comme ici. Sauf que là-bas, vos associations religieuses s'opposent au remboursement de la pilule et de l'avortement.

Pas gagné, quoi. Courage Michael, on est avec toi. Et surtout continue, parce que nous on est comme toi, on l'aime, L'Amérique.

 

 

05 Apr 2016

Copyright : Jean-Pierre Leloir

J'ai reçu une invitation qui m'a fait très plaisir. Les photos de Jean-Pierre Leloir passent à Drouot le 6 avril 2016 à 14 heures. D'ordinaire, quand l'atelier d'un artiste part à la salle, c'est pour y être dispersé sans autre forme de procès, vendu ou ravalé selon la teneur de l'assistance et les hasards du jour. Mais là, non.

Car bien que Jean-Pierre Leloir, photographe français célébrissime dans le monde très fermé des photographes de musiciens célèbres, soit décédé en 2010, son œuvre continue de vivre grâce à l'énergie de sa fille Marion. Nous sommes connues en travaillant sur des encyclopédies de Walt Disney, des livres pour enfant réalisées en France, dans une petite maison d'édition, en sous-traitance du prestigieux label aux grandes oreilles rondes. J'étais iconographe, elle était éditrice. Ni l'une ni l'autre n'étions "dans le moule" de notre milieu professionnel. Elle, parce qu'elle est trop intelligente, moi parce que je supporte mal la contrainte. Nous sommes devenues amies, et un jour, marque suprême de confiance, elle m'a avoué être la fille de.

A l'époque, je ne connaissais de Jean-Pierre Leloir que sa fameuse photo de Brel, Brassens et Ferré réunis autour d'une table. Je ne savais pas qu'il était l'ami de toutes les stars du Jazz, du Blues et du Rock américain, qu'il avait photographié Hendrix, Ray Charles, Billie Holiday, les Stones, Bob Marley...

Il connaissait les coulisses de l'Olympia de Bruno Coquatrix par coeur, il y était comme chez lui. Les stars passaient, et Jean Pierre était là, précis, avec cette intelligence de l'ombre et de la lumière qui symbolise si bien leurs carrières, parfois longues, parfois tragiquement fulgurantes.

Un beau midi nous avons déjeuné tous les trois au Vins des Pyrénées, le bistro où Jim Morrison déjeunait et dinait, quand il habitait rue Beautreillis. C'est là que j'ai compris comment Jean-Pierre Leloir pouvait approcher de si près tous ces génies, et obtenir d'eux ces sourires vrais et ces regards amis, comment il pouvait se mêler à eux et les photographier avec le plus grand naturel. C'était l'homme le plus charmant du monde. Son  humanité était si lumineuse que je crois bien ne l'avoir jamais plus retrouvée ensuite. A bien y réfléchir, je n'avais jamais approché un tel être auparavant, non plus.

Sa gentillesse s'est aussitôt étendue jusqu'à moi et il m'a permis de venir chez lui, aux Ternes, dans la partie de ses bureaux où il conservait l'immense trésor de ses négatifs et de ses clichés. J'y ai passé deux ou trois après-midis, qui sont restés gravés parmi les meilleurs moments  de ma vie d'iconographe. Cet homme avait un œil prodigieux et chaque photo était une leçon.

Lorsque Marion l'a perdu, elle a perdu son père et son ami en plus de l'artiste qu'elle admirait tant. J'ai eu de la peine moi aussi, en pensant qu'il était parti et que son œuvre allait probablement basculer dans l'oubli. C'était sans compter sur l'énergie de  Marion, qui a décidé de repropulser l'oeuvre de Jean-Pierre sur le devant de la scène. J'ai trouvé que ce n'était que justice et que ces tirages devaient faire leur chemin dans le monde et reprendre la place qui est la leur.

 

02 Apr 2016

PENNIE SMITH RULES !

Il y a des artistes célèbres dont le nom est systématiquement ignoré. Et qui plus est, lorsqu'il s'agit d'une femme travaillant dans les coulisses du  monde du Rock, par exemple. C'est le cas de la photographe Pennie Smith.

Tout le monde connait les photos de Pennie Smih. Sans elle, est-ce que les Clash auraient gagné ce sombre supplément d'atmosphère ? Est-ce que, sans la photo de Paul Simonon fracassant sa basse lors d'un concert au Palladium de New York en 1979, l'album London Calling aurait eu ce succès délirant ?

Je me souviens d'être allée acheter ce disque, parce que tout le monde ne parlait que de cette image autour de moi. J'avais 17 ans. Le geste de Simonon était exactement ce que nous rêvions de faire de la société, des convenances et des interdits. L'album reste un moment historique car le punk a sérieusement botté les fesses du rock, qui ronronnait un peu dans ses beaux lauriers dorés de la fin des seventies. Le punk, c'était comme prendre un rot dans le nez et une bouteille de bière en pleine tête, mais ça laissait à penser.

Pennie Smith a photographié beaucoup de beau monde, de Led Zep à David Bowie, en passant par U2 et Morrissey, elle a aussi sorti en 1980 un bouquin formidable intitulé "The Clash, before and after" que l'on peut encore se procurer sur Amazon. Elle avait raison, après le punk, rien n'était plus pareil, ils nous avaient reconnecté des neurones débranchés par la Pop, et permis au Rock de survivre.

Beaucoup de ses photos sont passées dans le magazine anglais New Musical Express, où elle a pigé plus de quinze ans en compagnie d'autres grands noms de la photo de scène comme Anton Corbijn. Pour ceux que cela intéresse, on peut trouver leurs images sur des sites comme flavorwire.com. ou snapgalleries.com

Sur dangerousmind.net l'on peut voir une courte vidéo, très édifiante, qui montre bien les difficultés que toutes ces filles pros ont rencontré. La dame au Pentax y répond sur un ton aussi cool que possible, cigarillo en main, levant quelquefois les yeux au ciel devant le machisme de son interlocuteur, qui s'étonne qu'une fille frêle, fragile, " en totale opposition avec son sujet" puisse vivre dans le monde du rock, photographier des boxeurs et des bodybuilders, suivre des tournées avec les groupes. " Et... Est-ce que vous pourriez vivre avec un musicien de Rock s'il le fallait ?" lui demande-t-il, incrédule.

- Je vivrais avec n'importe qui, s'il le fallait, répond-elle. Je ne me crois pas frêle. On ne survit pas à une tournée de sept semaines si on l'est. Les heures que cela implique ne le permettent pas. J'aime voir les gens travailler.

Un peu vexé, son interlocuteur lui propose de lui montrer comment marche l' appareil photo qu'il lui a prêté pour l'interview et comment enlever la pellicule, comme si elle était une débutante. - Le film n'est pas fini lui dit-elle alors qu'il s'empresse de rembobiner. Oh, dit le crétin, qui a raté une bonne occasion de rester à sa place...

Pennie Smith doit avoir aujourd'hui 67 ans, elle travaille toujours en noir et blanc, installée dans son studio de West London, un bâtiment de la compagnie des Chemins de Fer, qu'elle avait eu la bonne idée de s'acheter lorsque personne ne faisait encore ça. J'aimerais bien passer une après-midi dans ses tiroirs, comme je le faisais lorsque j'étais iconographe. Ses meilleures photos sont parues, mais trente ans après, ce qui nous semblait moyen, au moment de l'éditing photo, nous paraîtrait à présent extraordinaire et merveilleux, parce que l'époque qui est dépeinte sur ces tirages jamais montrés est devenue l'Histoire.

15 Mar 2016

REDACTION / REACTIONS

Ci-dessous une pincée de réactions, à l'annonce de la sortie de mes bouquins et de leur signature au Salon du Livre le 20 mars 2016 : 

- Ah bon ? Tu vas signer ton livre sur le stand de ton éditeur...là... enfin éditeur... c'est un ...enfin, ce n'est pas un VRAI éditeur, quoi ! Pardonne-moi, je ne dis pas ça pour te faire de la peine mais...Pour moi, quand tu seras en VRAI dans la vitrine d'un libraire, ou qu'on te trouvera à la FNAC, tu vois, là, tu seras un vrai écrivain !

- C'est super ! Je suis ravie pour toi ! Je ne pourrai pas venir parce que tu sais, moi, le dimanche, je ne bouge pas trop, je préfère rester avec les enfants... J'irai le télécharger quand j'aurai une liseuse... Selon toi, c'est mieux de prendre une Kindle ou une Kobo ?

- Coucou tata ! C top Ke t'écris ! Je te mé sur mon wall de FB, biz !

- Et ça coûte cher ? Je veux dire, se faire publier à compte d'auteur... Tu es contente de tes livres imprimés ? C'est un peu gros le corps du texte, on sent qu'ils tirent un peu à la page, quand même ils exagèrent. Tu vois, tu serais imprimée en corps 12, ton bouquin ne ferait déjà plus que la moitié...moi je préfère les bouquins légers, tu sais, pour lire dans le métro. Je n'ai pas de liseuse, je préfère le papier, quoi.

- Non, je ne lis pas beaucoup. A l'occasion, si tu as un exemplaire, envoie-le moi ?

- Raaaah ! J'ai pas eu une minute à moi depuis quinze jours ! Je voulais aller te télécharger et puis...tu sais ce que c'est !

- C'est TOI qui a écrit tout ça ? Et c'est tout public ? Sans blague !!!

- Ya des gens qu'on reconnait, hein... T'as pas peur de te fâcher avec eux ?!  Les zécrivains y zécrivent, et puis après eux le déluge ! Ça me plait bien. C'est comme nous, dans la musique. Ya quand même des chansons qui ont fait grincer quelques dentiers. Mais bon, on n'est pas Charles Trenet, tu vois, ROCK RULES ! Et pis comme disait Lemmy : If it's too LOUD, that's you're.... TOO OLD ! ..... Ah ! toi aussi, tu connais tes classiques ! C'est bien !!

- Ma bichette, ma bichette, ça ferait un film formidable ! As-tu pensé à appeler ...., pour lui envoyer ton bouquin ? C'est sûr qu'il est TRES pris mais on ne sait jamais... Si tu veux, je peux en parler à... mais il est à Los Angeles, là. Quand il reviendra, fais moi penser à lui parler de ton livre ! Hein ? Bon, allez, bisous !

- Dans le fond, c'est du kit. C'est de l'édition en kit. Je ne sais pas si ça va durer. Tu crois que leur modèle économique est viable ? Et s'ils disparaissent demain, que deviendront tes bouquins ? Tu devras tout retélécharger sur Kindle et tout... Quel boulot ! Bon, au moins avec les éditeurs classiques, tu ne gagne pas grand'chose, mais tu ne fais rien...

- J'ai lu tes interviews ! Tu n'y vas pas de main morte, dis-donc ! L'auto-édition et l'édition classique pas antagonistes ? Haha ! J'ai bien ri ! Non, mais c'est visionnaire ! Il va quand même falloir attendre un moment, avant que tout ça se décante et qu'on puisse en tirer des conclusions valables à la lumière des comptes d'exploitation ! Ah ? tu crois qu'il y a de la place pour tout le monde ? Ouais, mais qui filtre ? Quoi ! pas de filtre !  Le droit à l'expression pour tous ? Mais c'est l'anarchie ! Comment on va savoir quoi acheter ?

- C'est dur d'écrire... Moi, maintenant, ça roule, mais je me souviens des débuts dans les années 60... On allait chercher des exemplaires chez l'imprimeur, on les mettait dans ma deuche, et on faisait le tour des libraires du quartier qui voulaient bien nous mettre dans un petit coin de leur vitrine. "Il faut bien aider les jeunes", ils nous disaient ! Je ne te dis pas, la première fois qu'un de mes livres est parti au pilon, j'en ai pleuré. J'étais complètement bouleversé pendant deux jours. Et les critiques... Ah les monstres ! Ils venaient te taper dans le dos, tout sourire, lors du lancement et trois jours plus tard, tu étais descendu en flammes par un type qui n'avait même pas été foutu de devenir romancier. Accroche-toi, hein. C'est bien de faire ce qu'on aime.

- Un THRILLER en ANGLAIS ? Woua ! la classe ! Mais pourquoi tu te compliques la vie ? Tu pouvais l'écrire tout de suite en français et puis le faire traduire... Ah, il est venu comme ça celui-là ? C'est marrant quand même. Bon, moi l'anglais... Je vais le lire en français. C'est pas trop gore, au moins ?

- Alors comme ça, t' écris ? Je suis allé sur Iggybook, je t'ai vue. J'ai vu tes livres, ta bio, tout ça. Ça fait sérieux. J'ai tapé ton nom sur internet et là aussi je t'ai trouvée ! Ça fait plaisir ! Alors t'es un peu connue, quand même ? T'avais déjà tes pages sur internet avec ton métier...ça ne va pas doublonner ?

20 Feb 2016

BOITES de BALEINE

En rangeant mes placards de cuisine, j'ai trouvé trois boites de conserve  de... baleine.  Je les ai regardées comme des morceaux d'un monde étranger et pourtant proche. Le Japon et ses traditions culinaires  se rappelaient à moi dans ce qu'il y a de plus dérangeant. Au Japon, on mange de la baleine à la cantine. Il y a des restaurants qui servent du marsouin et de la baleine. On tue des dauphins et des petits rorquals. Comme en Afrique on mange du chimpanzé. Comme en France on se régale du foie d'une oie torturée.

Il y a des années je ne me posais pas tant de questions. Lorsque je me trouvais en quelque endroit de la planète, très loin de mes habitudes, parce que je ne voulais pas offenser mes hôtes, ayant pleinement conscience de la nature carnivore du primate évolué que je suis, de goûter un bouillon de chien pour le Nouvel An Chinois, ou de manger du serpent et du croco  (Ah, délicieux, le croco, avec un maffé et beaucoup de piments). J'avoue que j'ai calé sur certaines têtes de poissons dont on m'avait délicatement laissé les yeux et qu'un soir à Hong-Kong,  pour éviter de devoir manger la carpe à moitié cuisinée et toujours vivante qui tressautait encore dans le plat, j'ai lâchement prétendu être bouddhiste et végétarienne. Depuis ce soir très particulier, touchée par la souffrance visible de l'animal que j'étais invitée à dévorer vivant, j'ai cessé d'exercer ma curiosité culinaire et d'années en années, mon goût pour la viande a décru, puis s'est tari. Sans regrets.

Et là, devant mes trois boites de baleine, je me suis senti flancher. Non, je n'allais pas préparer un curry-rice pour accompagner ces trois pauvres restes d'une bête magnifique qui aurait pu nager en paix pendant les cent cinquante à deux cent ans de vie que sa génétique parfaite lui permet de vivre.

Je les ai photographiées. Je les ai empilées et je me suis dit que j'allais devoir les jeter. Jeter de la baleine ! Une BALEINE morte pour rien ! Quelle honte ! La culpabilité  est l'une des cordes les plus intéressantes de la vie occidentale. Nous, qui détruisons à chaque heure l'équivalent des ressources naturelles qui faisaient vivre une tribu pendant des années, sommes incapables de nous regarder en face  quand la vérité, sous la forme de boîtes de conserve, nous saute au visage.

Au Japon, où les Kami sont partout, où l'on dévie une autoroute pour ne pas déplacer un rocher sacré, où une humble source est le lieu d'un pélerinage millénaire, où l'on ne chasse pas ( les ours et les animaux sauvages vivent dans les forêts de Kamakura à  une heure et demie du centre ville de Tokyo), on se refuse généralement à  renoncer à la viande de baleine. On vous rétorquera que c'est la source de viande rouge traditionnelle d'un archipel où longtemps les édits impériaux ont interdit au peuple de consommer de la viande. Que c'est la TRADITION, point.

N'importe que les excédents internationaux de viande de mammifères terrestres suffisent à combler ce besoin, la baleine est un fantasme de bonne santé et d'une certaine façon, l'affirmation sans détour de la particularité culturelle Japonaise. Je me suis armée de courage et j'ai vidé le contenu des boîtes dans la poubelle, en me sentant vraiment l'être le plus néfaste et le plus ravageur de cette planète. J'ai mentalement demandé pardon à tous les cétacés du monde ( comme on le fait au Japon dans les temples) et j'ai tapé ce petit billet pour me souvenir toujours qu'un matin, j'ai gâché de la baleine, et que, comme on dit au Japon, c'est impardonnable, parce que c'est tellement délicieux ( "oishi des !" ), la baleine.

 

11 Feb 2016

Des millions de fans électrisés

C'est la surprise de ce début d'année mortifère dans le Rock. Nous avons commencé par la disparition terriblement brutale ( mais pouvait-elle être d'une autre nature ?) de l'apparemment indestructible Lemmy Kilmister, l'envol vers son étoile noire de Major Tom alias David Bowie, le pleur des foules sur le lamento poignant de Black Star et de Lazarus, ces deux derniers témoignages du génie de l'être qui tomba du ciel pour s'incarner dans un simple humain appelé David Jones, dont le foie n'a pas résisté aux excès passés de son brillant daïmon.

Et puis, parce que la vie est une suite de surprise et de coups de théatres, l'annonce sobre et de bon ton de la réconciliation des frères fâchés du rock, soit Slash et Axl Rose, co-fondateurs de Guns and Roses, le groupe aux 100 millions d'albums vendus. Bien sûr, les péripéties juridiques opposant les intéressés, le divorce onéreux de Slash ( il avait oublié l'indispensable  prenup, on se croirait dans Intolérable Cruauté), la baisse générale de rentabilité des méga-concerts de GNR et des ventes de merchandising du groupe, ne sont peut-être pas totalement étrangers à cette bien touchante réunion de vieux potes ( car Duff Mc Kagan, Dizzy Reed et Gilby Clarke joueront eux aussi sur la même scène.) Les deux batteurs historiques du groupe, Steven Adler et Matt Sorum, ainsi que le guitariste Izzy Stradlin, ne sont, pour le moment, pas de la partie.

Mais foin d'IRS et de rumeurs, personne ne boudera son plaisir s'ils montent bien sur la grande scène de Coachella en avril prochain lors de l'édition 2016 du Festival où il ne fait pas bon avoir oublié sa bouteille d'eau. J'en veux pour preuve le remarquable sold-out en temps record des places ( dont 90% sont probablement préhemptés par le management de GNR, pour revente à des groupes privilégiés). Les intéressés ayant - selon les dernières infos circulant sur le web, à prendre avec précaution - demandé modestement 1,3 millions de dollars par concert, on comprend qu'il leur faudra plus que deux ou trois dates pour rentabiliser vraiment cette réconciliation. Le meilleur restant à venir, c'est en Amérique du Sud, où l'amour absolu pour tout ce qui touche GNR est resté intact, que le groupe devrait rencontrer les foules les plus énormes, comme en 1993 en Argentine, lors de leur dernier concert tous ensemble.

Si le coeur vous en dit, avant Coachella, deux dates sont prévues à Las Vegas, et une tournée des stades américains les occupera jusqu'à la fin de l'année. Il faut prier, comme me le disait une fan hier, " que le pace-maker de Slash tienne, et que Axl ne perde pas sa voix dans les aigus". Eh oui, on a tous passé cinquante ans, maintenant... Aucune date n'étant prévue en France pour le moment, on se consolera dès mai en visionnant les live pirates sur You Tube.

GNR rules !

 

 

09 Feb 2016

A Rock Me Thunder Blog

A Mightier God est en ligne...

Et nous ouvrons ce blog en remerciant chaleureusement mon proofreader, Franck Ward, qui a  pris en main le manuscrit de "A Mightier God" et a encaissé chapitres supplémentaires et changements de personnages, sans ciller et avec toute la philosophie et le calme Irlandais. (Nous avions commencé par nous poser des questions prudentes du style "What's your favourite rock group ? " et j'ai fini l'année en lui offrant un calendrier sur le thème du rock et de la musique, concocté sur vistaprint et dont les photos provenaient de ma collection personnelle.)

Dans A Mightier God, la musique est omniprésente, puisque le personnage d'Azahel Brun est une fille du rock, "a rockchild", plutôt inventive et débrouillarde, dévorée de curiosité et qui ne résiste pas à l'envie de résoudre un mystère. Ce roman est le premier volume de la série des enquêtes d'Azahel, personnage attachant que j'ai eu du mal à laisser là, puisque dès la dernière ligne posée, j'ai retraduit le livre  et  -"Rebelote"- comme on dit dans la langue de Molière, je me suis tournée vers ma correctrice et conseillère éditoriale Françoise Barbier pour un étrillage en règle de mon roman, et en français, cette fois. Il sortira donc en version e-book en février-mars 2016, sous le titre d'Un Dieu Tout-Puissant.

On m'a demandé d'où provient la baseline de mon blog "A Rock Me Thunder blog" et ceux qui ont lu AMG savent désormais qu' Azahel a créé une maison d'édition en ligne éponyme où l'on y publie autant de littérature que de photos, de poésie que d'interviews de rockstars et d'artistes de tous bords. Azahel choisit ce nom car, si elle éprouve quelques difficultés à dire Love me ou Rock Me Tender, elle est fermement convaincue que de se laisser bercer par le tonnerre et les éclairs pendant un orage, est hautement recommandé pour garder une âme jeune, et se reconnecter à soi-même. D'où le jeu de mot, Thunder/Tender... Ne dit-on pas que l'amour est un coup de foudre ?

 

© photo Stevens Fremont

track